Les jeux vidéo face à la morale
L’accueil des jeux vidéos à leur sortie

Sauf mauvaise foi caractérisée, les moralistes des années 90 qui soulignaient les grands dangers de l’usage des jeux vidéos, ont bien été forcés de constater que ces derniers n’ont pas fait de nombreuses victimes, contrairement à bien d’autres activités humaines. Les joueurs allaient devenir fous, violents, abrutis, sauvages asociaux. Dans de grands élans d’hypocrisie, on oubliait un peu, pour la partie « violente », les tonnes d’images déversées par les télévisions aux actualités comme dans les fictions. Il existera toujours des profils psychologiques fragiles et le report un peu simpliste entre jeux violents induisant comportements violents était probablement aussi stupide que de penser que raconter l’histoire du petit chaperon rouge à un enfant allait le terroriser à vie ou pire le conduire à s’identifier avec les grand méchant loup et vouloir se payer du chaperon rouge à tous les repas.
Par ailleurs, loin d’isoler ces joueurs, les jeux vidéos ont aussi donné lieu à du lien social, des soirées entre amis, des courses et des parties endiablées, des moments inoubliables. Après l’arrivée d’internet, les univers en ligne ou les jeux en réseaux sont aussi passés dans la pratique. Rares sont les titres qui n’offrent pas, de nos jours, le mode multi et les jeux vidéos permettent ainsi à des millions de joueurs de se divertir ensemble sur la toile, en solo ou en équipe. Compétitions, communautés, forums, chaînes youtube, si les échanges ont lieu sur le terrain virtuel, on est loin de l’image de l’isolement et du repli sur soi qu’on agitait pour faire peur dans les années 90. Comprenons bien encore que certains profils plus fragiles que d’autres peuvent trouver refuge dans les loisirs virtuels, comme ils le font au Japon dans les Mangas, comme Madame Bovary le faisait dans les livres. Ne tirons pas sur le support et ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Les jeux vidéos distraient de nos jours des millions de personnes de par le monde et tout se passe très bien pour eux.
Jeux vidéo et contrôle parental
Finalement, en dehors de personnes ayant des problèmes de santé particuliers (épilepsie, etc…) ou certaines rares fragilités psychologiques, le seul vrai défaut du jeux vidéo est qu’il peut être chronophage et addictif à haute dose. On ne le dira jamais assez. La modération est importante dans tous les domaines.
Concernant l’enfance et l’adolescence, le sujet doit être traité de manière différente. Ce sont, en effet, des périodes de formation de l’esprit particulières durant lesquels les intéressés ont besoin de guidances éducatives. Quand on est parent, les progrès humain et les nouvelles technologies imposent, hélas, que l’on s’y intéresse de près et que l’on se forge rapidement un avis éclairé pour pouvoir en contrôler les usages sur sa progéniture. C’est d’autant plus vrai que dès l’instant où les technologies ont franchi le seuil domestique, personne ne pourra le faire à votre place. De même qu’on contrôlait jadis l’accès à la télévision et ses programmes pour laisser la place à des activités d’éveil ou aux devoirs scolaires, il faut contrôler l’usage intensif des jeux vidéos sur les publics les plus jeunes. C’est aussi vrai de la consommation de bonbons. Ce qui est bon, agréable, divertissant, ne peut prendre toute la place et les enfants ont besoin de bornes et de définitions claires.
Sur la question de l’abus de virtuel
Concernant l’abus de nouvelles technologies et la place des jeux vidéos dans tout cela, il faut bien constater également que le monde a changé depuis deux décennies. Par un effet un peu pervers, la société du progrès et de la consommation semble, en effet, organiser, à la fois, la montée de l’individualisme et le repli de la grande majorité des individus vers les écrans et les échanges virtuels. Depuis les années 2000, sont, en effet, arrivés les réseaux sociaux et les smartphones. En l’espace de moins de 20 ans, ils ont littéralement balayé en nombre d’heures passées, celles passées par les joueurs depuis le début de l’histoire des jeux vidéos : instagram, facebook, twitter, whatsap, etc…, on passe aujourd’hui devant son écran de portable des heures chaque jour, et on n’arrête même pas de le faire quand on est au travail. Quant aux enfants, on les équipe de plus en plus jeunes des smartphones derniers cri et de addictions sans précédent sont désormais détectés. Dans ce contexte, on serait assez mal inspiré de continuer de faire le procès des jeux vidéo. A côté de toutes ses pratiques ceux qui s’y adonnent font l’effet de petits joueurs.